Historique


L'église de La Neuville-Vault (Église Saint-Thomas-de-Cantorbéry)

 

L’église de La Neuville-Vault et son site.

 

 

L’origine de l’église de La Neuville-Vault remonte à la fin du XIIe siècle, époque où fut fondé le village dans une partie de forêt défrichée, d’où son nom de Neuville (du latin nova villa / nouveau village) et Vault (du germanique walt / bois).

 

L’église du XIIe siècle était une simple chapelle fondée par l’évêque de Beauvais Philippe de Dreux (1158-1217), cousin germain de Philippe Auguste, roi de France. Dans son livre Terre picarde, l’écrivain Philéas Lebesgue (1869-1958) écrit qu’il existait un dolmen à son emplacement avant sa construction. Il fut « recouvert de terre et, sur le terre-plein ainsi constitué, [fut] érigé une chapelle votive placée sous l’invocation de saint Thomas Becket [1] ». Environ un siècle plus tard, la chapelle primitive fut doublée d’une nef de même style, car le village s’était agrandi. Mais tout le plateau qui part de l’église actuelle et s’étend vers Milly-sur-Thérain dont La Neuville-Vault dépendait, demeura dégagé et prit le nom de Champ Saint-Thomas. Chaque année, le 6 ou le 7 juillet, un feu Saint-Thomas fut allumé après bénédiction par le prêtre. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui.

 

Ce vaste paysage n’a jamais été bâti car c’est un champ sacré. Philéas Lebesgue, natif du village et enterré près de l’église, décrit ce panorama inchangé depuis le XII siècle dans plusieurs de ses ouvrages et notamment dans Les Chansons de Margot où est écrit le célèbre poème « Petit village [2] ». En arrivant par Herchies, ce champ dégagé permet de voir l’église. Celle-ci donne tout son cachet à l’entrée-est de la commune de La Neuville-Vault dont les panneaux indiquent aux promeneurs venant de Gerberoy : « Village de Philéas Lebesgue – Homme de lettres ».

 

Avec la mare voisine, cette église n’est pas sans caractère. Remaniée au XVIIIe siècle, elle est construite en matériaux locaux : grès ferrugineux du pays de Bray, pierres calcaires du Plateau picard et briques. Elle présente encore, dans certaines parties de ses murs, le type de construction de la chapelle du XIIe siècle, l’opus spicatum (pierres disposées en épi de blé). A ce titre, elle mériterait d’être partiellement classée.

 

Sous la toiture en ardoise, la voûte en bois et en forme de vaisseau inversé. Cette petite église de campagne conserve son mobilier, notamment des statues en bois polychrome qui vont du XVIe siècle au XIXe siècle. Les fonts baptismaux en pierre sont de la fin du XIIe siècle, c’est-à-dire de l’origine de la première chapelle. « La toile du retable (XVIIIe siècle) du maître-autel décrit l’assassinat du saint patron de l’église, dans sa cathédrale de Cantorbéry[3]. »

 

L’église de La Neuville-Vault, avec son cimetière de type paysager où reposent deux personnalités dont l’écrivain poète Philéas Lebesgue, et son champ Saint-Thomas avec un point-de-vue préservé par un longue tradition de neuf siècles qui est également un lieu de légende [4], constituent un site d’intérêt historique, littéraire et touristique à conserver tel quel dans le présent et pour l’avenir.

Septembre 2012

François Beauvy

Ecrivain

Président de la Société des Amis de Philéas Lebesgue

Docteur ès lettres de l’Université de Paris X Nanterre



[1] Philéas Lebesgue, Terre picarde, Grandvilliers (Oise), Ed. du Bonhomme picard, 1950, p. 58 et suivantes.

[2] Philéas Lebesgue, Les Chansons de Margot, Amiens, Ed. Edgar malfère, 1926, p.193-194.

[3] Philippe Bonnet-Laborderie, Oise – Le Guide, Tournai (Belgique), Ed. Casterman, 1997, p. 210.

[4] François Beauvy, Dictionnaire picard des parlers et traditions du Beauvaisis, Beauvais, Mutualité agricole, et Amiens, Ed. Eklitra, 1990, p. 216.


L'intérieur de l'église aujourd'hui.



Nombre de Visiteurs

(Compteur IP)